L'Olympe était depuis longtemps perçu comme un jardin secret où les dieux passaient leur temps à festoyer. En réalité, aucun historien ne pouvait décrire concrètement ce qu'était ce paradis céleste, car il était caché aux yeux des mortels par... la Brume.
Durant l'Antiquité, les Grecs pensaient entrevoir l’Olympe pendant l’hiver, alors qu’il s’agissait en vérité d’une illusion créée de toutes pièces par Circée, déesse de la sorcellerie. Il s’agissait d’un lieu sacré où n’avait le droit de résider que de rares élus. Divers héros et Dieux pouvaient s’y rendre, mais n’étaient pas autorisés à y séjourner. C’était le cas d'Hadès, dieu des enfers, bien qu’il fût l’un des fondateurs de l’Olympe !
Ce matin-là, il planait une odeur des plus alléchantes sur le royaume des dieux... Hestia, déesse du foyer, devait certainement être en train de préparer le repas du midi. La douce mélodie de la lyre d’Apollon y avait été remplacée par un fracas métallique provenant des coups de marteau d’Héphaïstos sur son enclume. Sa femme Aphrodite, déesse de l’Amour, était absente, partie “en exil” avec son amant, Arès, dieu de la guerre.
Quant à Dionysos, il était tout sifflotant dans ses vignes, en train de s’occuper de leur palissage.
La sœur d’Apollon, Artémis, ne s’était pas présentée à la réunion familiale que Zeus avait appelée d’urgence. Ces dernières années, elle venait d’ailleurs peu sur l’Olympe. Lors de la dernière réunion familiale, le siècle précédent, l’une de ses chasseresses avait été victime d’un accident tragique.
Apollon, Poséidon, Zeus et Héra étaient réunis auprès d’un corps inerte...
C’était un jeune homme au visage pâle et à la chevelure blanche, tout transpirant, dont les vêtements habituellement propres et soigneux étaient couverts de vomi... Alec, dont les yeux vert émeraude fixaient le corps malade, tenait la main tremblante de son frère jumeau. Cela faisait plusieurs semaines maintenant qu’il était dans cet état et c’était insupportable, car aucun antidote ne le soulageait. Il n’en dormait plus, et quand il réussissait à s'assoupir un moment, il ressentait en rêve la douleur de Byron.
Alec et Byron étaient les deux seuls Gardiens de l’Univers.
Ils avaient été éduqués sur l’Olympe pour les préserver du mal d’en bas. Alec ne se voyait pas continuer à vivre sans son frère. Avec qui jouerait-il aux billes magiques ? Avec qui irait-il chiper de l’ambroisie dans la cuisine d’Hestia ?
Alec eut une lueur d’espoir en entendant le son des chaussures ailées d’Hermès.
- “Je suis allé chercher tous les ingrédients que tu m’as demandés, Apollon.”
Le dieu du commerce se précipita vers son frère pour lui donner les herbes en question.
Apollon les mis dans un chaudron, mélangea le tout et une fois que la potion fût prête, la donna au Gardien malade... Mais une fois encore, aussitôt avalée, aussitôt recrachée !
Les dieux étaient à court de solutions. C’était la première fois que les divinités olympiennes se retrouvaient impuissantes face à une telle situation ! La lueur d’espoir dans les yeux d’Alec se transforma en déception.
- “J’ai peut-être trouvé une solution !” s’exclama Athéna, déesse de la sagesse, de retour après avoir étudié toutes les possibilités dans ses archives.
Elle sortit un grimoire et commença à lire :
« La Toison d’Or apporte gloire et puissance à un héros, mais permet aussi de guérir tous les êtres vivants de toutes les maladies. »
- “Effectivement, c'est la solution idéale, Athéna, mais dois-je te rappeler que la Toison d’Or a été cachée sur Terre, invisible aux yeux des dieux, et il nous est donc impossible de la trouver ?”
- “Mais moi, je peux la trouver !” s’exclama le Gardien.
- “Il n’en est pas question ! Tu ne descendras pas sur Terre !” rétorqua Zeus d'une voix si grave que les coups de marteau cessèrent d’un coup.
- “Mais père ! Apollon et Hermès ont essayé tous les remèdes qu’ils connaissaient et Byron les a tous rejetés ! Vous ne pouvez pas voir la Toison d’Or, mais moi si !”
- “Tu ne descendras pas, c’est trop dangereux. Les monstres pourraient t’attaquer !” affirma le dieu de la Foudre.
- “Les monstres ne connaissent ni mon odeur, ni même mon existence. S’il vous plait, père !”
- “Tu n’es pas prêt !”
- “Certainement, mais n’avons plus d'autre choix pour le sauver. C’est notre dernière chance !”
- “Il n’a pas tort, mon frère ! Cela fait des semaines que ça dure. Rappelle-toi, il y a dix-sept ans, c’était inconcevable qu’une dryade et un satyre puissent donner naissance à un enfant, non ?” assura le dieu de la mer, Poséidon.
Zeus regarda tour à tour sa femme, son frère, puis ses trois enfants, et tous donnèrent leur accord pour que le jeune homme parte à la recherche de la Toison d’Or.
- “Je veux bien te laisser y aller, mais à une condition... ”