CHAPITRE 2 : CHANGEMENT A L'OLYMPE

Dans ce chapitre 2 : nous retrouvons Alec, un héros oubliés, mais aussi les 12 olympiens et comment je les imagine ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

CHAPITRE 2 

Les premières lueurs de l’aube vinrent taper à la fenêtre de la chambre d’Alec, ce qui lui fit quitter le royaume de Morphée presque immédiatement.  

Le jeune Gardien jeta un œil au lit voisin : vide !

Cela faisait des semaines que Byron n’était plus rentré à la maison. Sa présence lui manquait terriblement et lui pesait lourdement.

De voir la couchette de son frère qui n’était pas faite le fit sourir. Byron ne faisait jamais son lit car selon lui « rien ne sert de faire son lit puisqu’on va le défaire plus tard dans la journée ». Ses vêtements trainaient encore sur le canapé et Alec n’avait eu ni le courage de les plier, ni même de les ranger. Son côté désordonné générait bien souvent des conflits entre les deux frères car Alec, à contrario de son jumeau, aimait bien que tout soit en ordre et structuré. 

Alec prit sur la table de chevet de son frère le livre qu’il était en train de lire, écrit par son écrivain humain préféré, Charles Hemingway. Il l’ouvrit au hasard pour en lire quelques lignes avant de le reposer à côté d’un tube pour les mains ; ce qui le fit éclater de rire. Machinalement, il ramassa les emballages des bonbons que Hermès de l’Enfer avait offert à Byron et portant le nom étrange de « Langues Arracheuses ». Alec n’avait jamais compris le goût immodéré de son frère pour ses sucreries qui provoquaient des douleurs quasi insupportables en bouche. 

Bien que Byron soit atteint de logorrhée verbale et qu’Alec ait souvent prié pour du silence, aujourd’hui celui-ci lui était insupportable. Il aurait tout donné pour entendre les paroles incessantes de la personne qu'il aimait le plus au monde.

De plus son lien gémellaire avec Byron lui provoquait des cauchemars incessants et il se sentait épuisé après plusieurs nuits d’insomnie. Il prit donc la décision de quitter au plus vite le lieu de vie qui lui semblait ne plus en être un. Mais avant il devait prendre une douche. Il prit rapidement ses vêtements tout frais et partit en direction de la salle de bain.

Le flot d’eau bouillante sortant du pommeau de douche et coulant le long de son corps le fit immédiatement se détendre.  

Sous ses longs cheveux blancs apparurent ses mini cornes de bois massif, la seule chose qu'il avait gardé de son père, un satyre.

Ni lui, ni Byron n’avait jamais vraiment connus leurs parents. Les seules informations connus des dieux étaient que leur mère, une dryade, la plus belle des nymphes des bois, avait été séduite par un satyre et qu’ils étaient nés de cette union interdite. Nul ne se rappelle pourquoi les deux bambins avait été abandonnés dans une forêt près du Nebraska. C’est là qu’Hermès les avait retrouvés pour les ramener sur l’Olympe où les dieux prirent soin d’eux.

Physiquement, hormis les cornes, rien ne semblait indiquer qu’ils étaient fils de satyre. Ils avaient tous deux la beauté de leur mère avec leurs yeux couleur émeraude, leur conférant un regard cristallin et une opulente chevelure blanche. Parmi les dieux certains voyaient dans cette beauté une bénédiction et ils aimaient la compagnie des deux garçons car ils pouvaient se délecter de leur grande beauté lunaire. Alors que d’autres y voyaient un sujet de rivalité et n’hésitaient pas à leur rappeler qu’ils n’étaient pas des dieux et qu’ils étaient tolérés en Olympe.

 

Pendant que l’eau bouillante réchauffait le corps du Gardien, les souvenirs de la veille refirent surface. La journée avait été remplie d’émotions dont le jeune Alec ne s’était toujours pas remis. Il avait misé tous ses espoirs sur le nouveau remède ramené par Hermès. Le corps de Byron l’avait de nouveau rejeté. Toutefois la solution trouvée par Athéna, le débat qui s’en était suivi entre les dieux et enfin la décision de Zeus, ne fit que le raffermir dans sa décision d’aller chercher la Toison d’Or. 

Il sortit prestement de la douche et enfila rapidement ses vêtements. Il se dirigea à l’extérieur pour jeter un dernier regard à la demeure qu’il partageait depuis toujours avec son frère et se fit la promesse de consacrer toutes ses énergies et ses forces pour voir à nouveau Byron passer la porte de leur maison. 

Alec se retourna pour admirer l’Olympe tout autour de lui. Son cœur se serra d’amour pour le royaume des dieux où le ciel est magique et où les nuages n’ont jamais versé de pluie depuis que Zeus est au pouvoir. Il fut surpris de constater qu’il régnait un silence absolu alors qu’habituellement il pouvait se délecter des mélopées de la lyre d’Apollon, rire et danser sur les chants de Dionysos ou bien marquer le pas en suivant le bruit du marteau sur l’enclume provenant de l’atelier du dieu des forgerons, Héphaïstos. Ce qui l’inquiéta le plus c’est que même les oiseaux s’étaient tus.

 

Le village de l’Olympe formait un gigantesque Oméga dont la partie centrale était réservée aux douze dieux principaux. Cette lettre grecque signifiant “Ô Grand” étant le symbole éminemment représentatif de la puissance des dieux. C’est au centre de cette coupole qu’était établi le Temple des dieux, lieu de réunion où se prennent toutes les décisions. Les deux parties excentrées de la cité olympienne étaient attribuées à la résidence des autres dieux mineurs et de celles et ceux qui avaient été admis pour y séjourner tant définitivement que provisoirement. 

Alec aimait particulièrement se promener et méditer dans le magnifique parc de Déméter, tout comme Apollon aimait à venir dessiner ou encore Hestia cueillir des fleurs pour l’ambroisie et le nectar des dieux.

Byron avait une préférence pour le parc aquatique où Poséidon partageait les secrets des mers et des océans. Il en appréciait surtout les escape games qui y étaient organisés par le dieu des voleurs, Hermès, au sein du principal monument copié par les romains : le fameux Colisée ! C’est d’ailleurs là que Dionysos appréciait y organiser ses bacchanales.

-Tu as foutu un sacré bordel, mon garçon !

Alec sursauta, se retourna et vit le vieil homme qui venait de le rejoindre.

- Ah c’est toi, Philémon. Tu m’as fait peur !  

Philémon était un des rares élus résidant sur le royaume des dieux. Avec sa femme Baucis, ils avaient été recueillis sur le royaume des dieux depuis plusieurs siècles. Les olympiens pouvaient être cruels mais aussi reconnaissant. L’histoire des deux tourtereaux montraient la bonté des humains et la générosité que certains d’entre eux pouvaient avoir. 

Alors qu’Hermès et Zeus firent une escapade sur Terre en étant habillés en haillons. Les deux divinités frappèrent à mille portes avant celle de la modeste cabane de Philémon et Baucis. Malgré leur pauvreté et leur modeste demeure, les amoureux les accueillirent chaleureusement et partagèrent avec eux leur maigre repas. Hermès, dieu des voyageurs et des hôtes, fut tout particulièrement touché au cœur par tant de générosité et de bienveillance. Zeus ressentit lui aussi énormément de compassion pour ces deux êtres de simplicité. C’est pourquoi les deux divinités décidèrent de les sauver de leur courroux à contrario des milliers de villageois qui avaient refusé leur hospitalité ainsi que de remplacer leur cabane délabrée par un immense temple où les deux tourtereaux finirent leurs jours. 

La légende raconte qu’à leur mort les dieux les transformèrent en arbre pour que chacun se souvienne qu’il est toujours bon de faire preuve de gentillesse, de compassion et d’aider son prochain. Ceci n’est qu’une légende, puisque Zeus et Hermès ayant veillé sur eux tout au long du reste de leur vie, ils leur permirent de demeurer avec eux en Olympe, acquérant ainsi le statut de divinité.

Le physique de Philémon n’avait laissé aucun dieu indifférent, certains manifestant de la curiosité, d’autres du dégoût, car il n’avait jamais vu un humain à la peau couleur obsidienne. Cette dernière faisait ressortir particulièrement ses cheveux blancs ébouriffés.  

C’est ainsi que Philémon et Baucis étaient devenus les voisins d’Alec et Byron. 

Philémon fixait intensément Alec du regard. Ses yeux noirs avaient une intensité particulière du fait des taches de rousseur qui ponctuaient ses paumettes. Alec remarqua qu’il portait ce jour-là, une veste grise avec des carreaux et une simple chemise blanche au-dessus d’un jean, ce qui lui donnait une allure jeune malgré les rides profondes sur son visage qui ne dissimulaient plus son âge. Philémon avait une prestance naturelle que quel que soit les vêtements qu’il portait, il était toujours élégant ce qui rendaient certains dieux jaloux. 

Baucis conservait ses habitudes de sa vie humaine et restait particulièrement discrète. Elle n’aimait pas trop le fait d’avoir la lumière sur elle et ne sortait que pour les évènements olympiens.  

- Qu’est ce qui se passe, tu es au courant de quelque chose ? demanda Alec surpris du silence pesant qui régnait sur l’Olympe.  

- Zeus a convoqué tous les dieux au Temple ! Ta future descente sur Terre a provoqué un énorme brouhaha auprès de l’Olympe ! La dernière fois que c’était autant la panique ce fut au temps de la seconde guerre mondiale…

Dans le timbre de la voix de Philémon, habituellement douce, on pouvait sentir un brin de tristesse.  

Alec remercia Philémon de l’en avoir informé et partit immédiatement en direction du Temple.

Certes, il était terrifié à l’idée de descendre sur Terre. Il ne connaissait quasiment rien des humains hormis ce que lui contait Hermès avant de dormir quand il était enfant. Toutes ses histoires narraient les combats épiques des héros grecs et des dieux avec des monstres qu’eux-mêmes craignaient et tous plus effrayants les uns que les autres.

Hermès était fasciné par la créativité humaine. Il racontait souvent que les humains inventaient tout le temps de nouvelles machines. Les dieux avaient créé la charrue avec les chevaux et les mortels l’avaient modifié en créant ce qu'ils appelaient des voitures, mais aussi les cheminées, les téléphones, la télévision, les ordinateurs, les canards en plastique, ..., tellement d’autres choses qui laissait toujours le dieu du commerce admiratif. C’est pourquoi il aimait particulièrement le royaume des mortels, afin de ramener tout ce qui représentait pour lui des merveilles, mais surtout de nouvelles histoires à raconter.  

Alec traversa d’un pas rapide le parc de Déméter pour se rendre au Temple, ce qui ne l’empêcha pas d’admirer comme toujours les beautés qui l’entourait : les Glycines japonaises, les chênes, les Hêtres d’Antarctique, les Erables Japonais et tant d’autres espèces que le Gardien n’arrivait pas à identifier.  

A quelques endroits, on pouvait apercevoir plusieurs portes-tableaux en bois simple. Le dieu des Arts, Apollon, aimait la simplicité et préférait se concentrer sur ses toiles que sur un chevalet qui n’aurait eu que pour seule fonction de flatter l’artiste.

L’architecture du parc ainsi que tous les monuments sur l’Olympe avait été dessinés par la déesse en charge de l’architecture et de la stratégie guerrière, Athéna. Elle avait fait le choix de les positionner aux extrémités du parc afin de créer un cadre somptueux à la luxuriante beauté de ce dernier.  

Sur la gauche, le square nautique de Poséidon fut le premier monument construit. Le dieu des mers avait estimé qu’en tant que frère de Zeus, dieu des dieux, il avait cette priorité sur tous les autres dieux. Il avait particulièrement insisté pour que l’entrée soit encadrée par de magnificences statues imposantes en marbre de Calabre : des chevaux cabrés frappant de leur sabots les flots tout comme ses chevaux qui tiraient son propre chariot. D’ailleurs la vue de ces deux sculptures continuait toujours d’impressionner celles et ceux à chaque fois qu’ils pénétraient le parc aquatique. 

Chaque fois que Poséidon revenait de ses séjours dans les abysses des océans de la Terre, il ramenait de nouvelles beautés aquatiques afin de parfaire la décoration de son sanctuaire olympien. Il tentait à chaque fois, de transmettre sa passion pour le monde aquatique en montrant ses nouvelles trouvailles aux autres divinités mais avec guère de succès.  

Absorbé par ses pensées, Alec aperçut néanmoins une néréide qui lui fit un signe aguicheur de la main avant de retourner nager à l’intérieur du monument comme pour l’y attendre, mais Alec n’avait jamais vraiment été intéressé par les déesses ou même par une relation amoureuse bien qu’il ressentît une attirance toute particulière pour ces dernières. Leur chevelure, leurs yeux bleu océan, leurs visages, tout physiquement séduisait le Gardien grec. Hermès avait bien remarqué cette attraction que ressentait son protégé. Il l’avait averti que si une néréide se trouvait en Olympe, sa seule fonction était uniquement de surveiller Poséidon sur les ordres d’Amphitrite, son épouse. Il lui avait aussi expliqué que les néréides avaient les mêmes capacités que les sirènes sur Terre, ce qui avait réussi à refreiner les ardeurs du jeune Alec. 

Alec se secoua pour reprendre ses esprits et continua en direction du Temple. Il s’alarma de croiser un groupe de dryades dans le village des dieux, qui n’étaient pas le lieu de prédilection de ces nymphes des bois. De nature timide, elles attendaient le soir pour sortir à l’abri de l’obscurité afin de s’assurer que les Olympiens ne leur courent pas après. Elles étaient aussi belles et fascinantes que les néréides. Ce qui les distinguait c’est qu’en lieu et place de la queue de sirène des nymphes aquatiques, le bas de leurs corps étaient beaucoup plus mobiles grâce aux deux troncs d’arbres et leurs racines qui lorsqu’elles se déplaçaient leur donnaient l’apparence de glisser au-dessus du sol. Certaines dryades, un peu moins farouches et trouvant le Gardien fort séduisant depuis fort longtemps, saluèrent Alec, alors que les autres continuaient de le considérer comme l’un des olympiens crétins qui s’amusait à leur courir après dans le but de les voir s’emmêler les racines et chuter.

Le ciel magique de l’Olympe, habituellement ensoleillé, avait laissé place à une chappe nuages gris et lourds d’orage. Aucun oiseau ne chantait ce qui alourdissait la pesanteur de l’ambiance électrique qui régnait sur le royaume des dieux et qui rendait l’air presque palpable.

Au fond de lui, Alec se sentait responsable d’être à l’origine de cette atmosphère tendue car il ne s’était pas attendu à créer un tel trouble. Mais il ne le savait mieux que personne : il devait impérativement descendre sur Terre pour retrouver la Toison d’Or, sans quoi, Byron allait mourir !

Il était enfin arrivé devant le Temple des dieux identique à l’original qui était à Olympie en Grèce. Alec monta quatre à quatre les marches du monumental escalier permettant d’accéder à l’entrée du Temple. Arrivé sur le parvis, il fit une pause pour reprendre son souffle tout en admirant l’enfilade des douze colonnes supportant l’avancée du toit du Temple sur lesquels trônaient les créatures représentant les Olympiens : L’aigle de Zeus, le cheval de Poséidon, la chouette d’Athéna, Cerbère pour Hadès, le serpent d’Hermès, le cerf d’Artémis, le paon d’Héra, la panthère de Dionysos, le phénix d‘Héphaïstos, la tourterelle de Déméter, le vautour d’Arès et le cygne d’Aphrodite. 

Après une profonde respiration Alec s’élança à travers l’immense porte derrière laquelle se trouvait le lieu de réunion dédié aux dieux. Il était particulièrement stressé ne sachant qu’il allait recevoir de la part de toutes et tous mais surtout de Zeus. A son entrée, les douze olympiens firent silence y compris Hadès, le dieu des Enfers, peu friand de ces rencontres. Sa présence rendit plus mal à l’aise Alec car il mesurait combien la situation était grave. 

Chaque dieu avait sa place attribuée sous la forme d’un imposant siège reprenant leurs attributs. Ils étaient disposés en un cercle ouvert au sein duquel on pouvait pénétrer pour y intercéder avec les divinités.

Alec entrait pour la première fois dans le Temple. 

En avançant vers le cercle, il se sentit tout d’un coup tout petit. En effet, les trois immenses trônes du Trio Légendaire constitué par Poséidon, Zeus et Hadès à l’extrémité opposée de l’entrée du cercle impressionna le Gardien par la puissance qu’il en émanait. 

Poséidon, le dieu de la mer, occupait le trône de gauche de couleur azur. Ses bras puissants reposaient sur les accoudoirs représentants des dauphins. Il semblait d’autant plus grand et imposant qu’il était appuyé sur le dossier du trône sur lequel était enchevêtré des milliers de feuilles de frêne. Il avait posé nonchalamment son trident à ses pieds. 

Le trône de droite était taillé dans un seul bloc obsidienne. Affalé sur son trône comme si sa présence sur le royaume des dieux l’ennuyait, Hadès, dieu des enfers, était comme à son habitude vêtue de noir. Tout était sombre chez lui, de sa coupe de cheveux frisée et brune, à son regard, à ses vêtements jusqu’à ses tatouages. Hermès le qualifiait souvent « d’émo-gothique », et bien qu’Alec ne sachant pas de quoi il s’agissait, il le croyait. Il affichait un air déprimé, son bras gauche accoudé et son poing fermé sur lequel reposait son visage et lui déformant la joue comme un enfant boudeur. Alors que sa main droite tapotait nerveusement son Casque d’invisibilité posé sur l’autre accoudoir. A ses pieds était posé son sceptre, symbole de sa puissance et lui permettant de conduire les morts ainsi que de les maintenir en enfer. 

Au centre, l’imposant trône de Zeus ne pouvait démentir son statut de Roi des dieux. Il était fait d’un métal particulier qu’on ne trouve qu’en Olympie et dont l’éclat semblait lancer des éclairs dans tout l’espace du Temple. Du fond de l’espace du cercle, Alec sentait sur lui le regard gris et pénétrant du dieu, dont l’imposante stature ne faisait oublier à aucun des autres dieux sa force incommensurable. Zeus ne portait pas de couronne mais une longue chevelure brune qui donnait de la douceur à son visage ainsi que son sourire malicieux. Malgré son air d’ange, il était particulièrement craint par les Olympiens en raison de son intelligence manipulatrice dont il s’était joué pour bon nombre d’entre eux. 

Comme le protocole l’imposait, Alec commença à se présenter à chaque divinité en commençant par la gauche du cercle.

Il fit face à une femme d’une beauté subjuguant, dépassant celle de toutes les femmes présentes sur le royaume. Tous les dieux de l’Olympe avaient succombé à son charme, à l’exception de Zeus. Aphrodite savait parfaitement l’emprise qu’elle exerçait sur la gent masculine mais aussi féminine et usait de tous les artifices possibles pour paraître encore plus sexy : ses longs cheveux blonds savamment retenus par un bandeau, ses immenses yeux bleus au regard langoureux, son petit nez mutin, ses lèvres charnues couleur cerise, son collier d’or qui réhaussait la splendeur de son visage mais surtout sa ceinture tissée du plus bel or pur qui magnifiait ses formes sculpturales. Elle regarda Alec avec tendresse car elle l’avait vu grandir ; elle avait assisté à ses premiers pas, ses premiers pleurs.

Elle le considérait plus comme son petit frère, ce qui convenait parfaitement à Alec, car même si sa beauté ne le laissait pas indifférent puisque nul ne pouvait y échapper, cela lui permettait de garder à l’esprit qu’elle était mariée au très jaloux Héphaïstos.

A l’entrée d’Alec dans le cercle, ce dernier n’avait pu résister à prendre la main de sa tendre épouse comme marque de possession ce qui avait le don de particulièrement irriter la déesse. En s’inclinant devant elle, Alec ne put manquer la grimace de douleur d’Aphrodite et le fait qu’elle serrait fortement de sa main libre la pomme dorée sculptée qui ornait le bras de son fauteuil.

Héphaïstos était un dieu rempli de colère et de jalousie envers ses frères, car contrairement à eux il était laid. Il était devenu l’époux de la plus belle d’entre toutes par la ruse et elle s’était jurée de ne jamais lui pardonner d’avoir dû renoncer à son amour pour Arès. Malgré tout, il espérait toujours secrètement qu’elle finirait par tomber amoureuse de lui comme Perséphone avec Hadès.  

Alec se redressa le cœur plein de compassion pour la déesse puis se dirigea face au trône suivant celui d’Héphaïstos.

Le dieu des forgerons, malgré son physique ingrat forçait tout respect en raison de son imposante stature et musculature bâties à la force de son lourd marteau, qui faisait oublier sa jambe trop courte et lui donnant une démarche qui faisait sourire les autres dieux, ce qui le rendait encore plus furieux vis à vis d’eux. 

Ses cheveux longs et sa barbe étaient de la couleur du charbon de sa forge, et son regard aussi ardent que le feu qui faisait fondre les métaux les plus durs. 

Cependant Héphaïstos avait une admiration et un respect sans limite pour son père, Zeus et c’est pour cette seule et unique raison qu’il honorait encore les assemblées du Temple, leur préférant la fournaise de son antre.  

Alec fit ensuite face au dieu de la Guerre, Arès. Celui-ci dégageait une aura magnétique et il avait chez les dieux la beauté de celle qui n’était plus sa belle : Aphrodite. Son armure soulignait parfaitement son corps d’athlète. Il était nonchalamment sur son trône dans la posture d’un guerrier au repos, le pied gauche posait sur son casque se trouvant au sol devant lui. Sa chevelure châtaine soulignait sa grande beauté et faisait ressortir l’éclat de ses yeux verts. Il adressa un chaleureux sourire à Alec et le salua de la tête reconnaissant en lui la force de celle qui fait les héros de guerre.

Assise à la gauche d’Arès, se tenait la tante adoptive d’Alec : Artémis. 

Elle venait rarement voir sa famille, prétextant toujours que ses filles avaient besoin d’elle. Le jeune Gardien constata qu’elle avait pris quelques rides depuis la dernière fois qu’il avait vu. Fidèle à son côté rebelle, elle avait une tenue très singulière pour une déesse :  un t-shirt assez court et un short bleu minimaliste ne pouvaient en aucun cas masquer ses atours physiques. Convoquée en urgence par Zeus, elle ne s’était pas donner la peine de se changer pour une tenue digne de son statut. Assise en tailleur sur son siège argenté, elle se nettoyait le dessous de ses ongles avec son couteau pourtant suffisamment aiguisé qui pouvait égorger d’un coup sec comme elle savait le faire à la chasse le cou de n’importe qui même en Olympe. Elle jeta un rapide regard sur Alec puis retourna tout aussi rapidement à ses pensées. 

Le dernier trône de ce côté-ci du cercle avant ceux du Trio Légendaire était bien évidemment attribué à celle qui était la Reine des Olympiens, Héra.  

En tant qu’épouse légitime de Zeus, elle tenait particulièrement à ce que tout autour d’elle et sur elle rappelle aux autres son statut. Contrairement aux autres divinités ses cheveux étaient courts. Elle s’était d’ailleurs inspirée de Cléopâtre pour marquer sa différence. Tout comme elle, elle portait un diadème et dans sa main droite un sceptre représentant son autorité sur l’Olympe.  

Elle posa sur Alec son regard sombre qu’aucun sourire ne soulignait ce qui engendra chez le jeune homme une vague sensation de malaise. Il s’en inclina d’autant plus respectueusement devant elle, ce qu’elle apprécia à la vue du léger rictus en coin sur son visage.  

Alec se retourna et repartit vers l’entrée du cercle afin de pouvoir maintenant saluer les autres dieux se trouvant à la droite de celui-ci. 

Il se présenta devant Déméter, mère de Perséphone et épouse d’Hadès depuis quelques siècles à la suite de son élèvement par celui-ci. Bien qu’exprimant de la rancœur envers le Roi des Enfers, elle avait parfaitement conscience de la position de ce dernier et son impuissance la rendait amère. Déesse de l’agriculture et des moissons, elle exprimait souvent sa frustration dans le monde des humains en les privant d’abondantes récoltes. 

C’était pourtant une divinité intelligente même si elle n’était pas souvent mise en valeur sur l’Olympe. Ses cheveux bruns, son visage clair et ses yeux bleus aux reflets verts faisaient d’elle une déesse charismatique à tel point qu’à chaque voyage sur Terre, énormément de mortels voulaient la conquérir. 

Déméter s’amusait toujours de la gêne que ressentait le jeune Gardien en s’approchant d’elle puisque c’est avec elle qu’il avait eu sa première expérience charnelle. Alec s’inclina devant elle en évitant son regard pour ne pas rougir et se dirigea très rapidement vers le trône suivant, celui de Dionysos. 

Personnage ventripotent de petite taille, il ressemblait beaucoup plus à un mortel qu’à une divinité. Son trône était ornementé des fruits de la vigne attestant de son amour pour le vin. Dionysos ne se déplaçait jamais seul et étaient assises sur chaque bras de son trône, une bacchanale. Celle de droite lui glissait langoureusement des grains de raisin dans la bouche alors que l’autre tenait une aiguière et remplissait sa coupe de vin de ses propres récoltes. Son endroit privilégié sur l’Olympe était le fameux Colisée, où l’on pouvait voir ce dernier y passer des journées entières à se goinfrer et à s’amuser avec son frère Arès : il y tenait parfaitement son rôle du dieu de la fête. 

Dionysos avait ignoré totalement l’entrée du gardien au Temple, n’ayant d’yeux que pour la déesse de l’Amour, Aphrodite. Alec toussota pour faire remarquer sa présence. Le dieu le regarda furtivement et comme le veut le protocole, il lui tendit sa coupe qu’Alec saisit. Le Gardien détestait le vin et se retint de grimacer en sentant le liquide couler dans sa gorge. Il rendit la lourde coupe en argent à Dionysos avec un sourire forcé que ne manqua pas de remarquer le dieu qui éclata d’un rire tonitruant, comme à chaque fois. Cela en était devenu un jeu pour lui.

 Alec s’avança ensuite devant le trône d’Apollon dont la beauté n’avait rien à envier à celle d’Arès, le dieu des arts ayant tous les attributs de la perfection masculine. Ses yeux bleus lapis-lazuli, les boucles de ses cheveux châtains, la finesse de son nez, ses paumettes hautes, l'ourlet de ses lèvres, la puissance de sa mâchoire carrée et la symétrie parfaite de son visage posait sur la stèle de son cou, inspirait tous les sculpteurs de la Grèce Antique. Même sa barbe de 3 jours ne possédait pas de défaut. Les lauriers sur ses cheveux reflétaient parfaitement la couleur de son teint d’albâtre. Sa lyre gigantesque qui créait l’harmonie en Olympe était posée à côté de son siège. 

Alec s’inclina respectueusement devant lui même s’il n’avait aucun penchant pour les arts, sauf ceux de la joute et de la guerre. 

Alec se réjouit d’enfin pouvoir se présenter devant celui qui était devenu bien plus qu’un ami : Hermès. Les yeux bleus du dieu des voyageurs se posèrent sur son protégé à qui il adressa un sourire chaleureux.

Byron et Alec le considérait comme un grand frère car c’est l’un des seuls olympiens avec qui ils passaient le plus de temps. Ce dernier leur avait appris certains de ses tours de passe-passe. Alec était fasciné par les sandales ailées du dieu mais aussi par son immense caducée dont les deux serpents se disputaient dans une langue inconnue à ses oreilles. 

Contrairement au protocole, Hermès se leva pour serrer contre lui son protégé, sentant très bien que le jeune homme avait besoin de soutien et de courage. Le dieu le saisit par les épaules et lui adressa un regard rempli de confiance avant de retourner s’assoir. 

Alec passa devant le fauteuil vide d’Hestia, déesse du foyer et qui prenait soin de tous les dieux au quotidien.

Le cercle bien que constitué de treize trônes tout comme les treize cycles lunaires en temps terrestre, les assemblées ne pouvaient être constituées que de la présence de douze divinités tout comme le nombre de mois solaires. C’est pour cela que lorsque le dieu des Enfers, Hadès, honorait de sa présence les autres olympiens, Hestia en profitait pour enfin prendre le temps de s’occuper de son propre foyer ce qu’elle n’avait guère l’opportunité d’effectuer habituellement.

 

Alec arriva enfin devant les trois trônes du Trio Légendaire et posa un genou à terre et se courba en signe d’allégeance.

Tous les dieux avaient cessé de parler depuis l’entrée du Gardien dans le cercle. Tout le temps qu’Alec eût parcouru à l’intérieur de celui-ci lui avait semblé interminable. A chacun de ses pas l’air qu’il respirait s’était densifié tout comme l’ambiance pesante régnant dans le Temple comme si les douze olympiens se préparaient à une guerre. 

Tous les regards sur lui étaient une charge accablante pour le jeune Gardien qui sursauta au bruit de l’immense porte du Temple qui se ferma dans un vacarme assourdissant.  

Hadès fut le premier à prendre la parole : 

“Intéressant !...

Tu as bien grandi depuis la dernière fois que je t’ai vue, jeune satyre.”

Le dieu des Enfers avait prononcé ces mots dans un sifflement qui fit frissonner le Gardien dans tous ses os.

C’est alors que la voix de Zeus retentit comme le grondement des éclairs dans tout le Temple.

 “ Alec, l’Assemblée a décidé d’accéder à ta requête pour descendre sur Terre pour y retrouver la Toison d’Or afin de sauver ton frère. Toutefois, tu ne connais rien au monde des Mortels ni à ses pièges. Il est primordial de te préparer aux dangers qui t’attendent c’est pour quoi tu auras douze jours pour te préparer. Chacun de nous avons décidé de t’accorder une de nos précieuses journées pour te partager certaines de nos connaissances qui te seront indispensables lors de ton périple. Ce n’est qu’au treizième jour que tu pourras te rendre sur Terre pour y rejoindre Enée qui te conduira à Delphes pour y rencontrer l’Oracle. Retire-toi, maintenant ! ”

 


regis NOUGUEREDE

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