A LA RECHERCHE DE LA TOISON D'OR CHAPITRE 4

Après le jugement de Zeus et de ses compères, Alec doit exercer 12 jours de durs labeurs auprès de chaque Olympien. Nous nous retrouvons dans ce chapitre pour son premier jour.

CHAPITRE 4

LES 12 TRAVAUX D’ALEC JOUR 1 : ALEC ET LE FORGERON

 

Les yeux bleu océan de la déesse fixait Alec, son regard pénétrant ne laissait pas indifférent le jeune Gardien. L’Olympienne l’avait bien compris et la réaction anatomique de son bel amant ne la laissait pas indifférente non plus puisque de sa tenue d’Adam, elle frémissait à goûter au pêché des dieux et à rentrer en symbiose avec Alec.

Ce dernier sentait les grains de sables du coin de paradis de Déméter se réchauffaient à chaque pas que la déité s’approchait d’Alec. Il partageait le même secret, seul eux deux étaient au courant de leur nuit passée ensemble où Déméter avait enlevé la virginité d’Alec, ça lui procurait de l’adrénaline et rajoutait une sensation de plaisir défendu. Alec ne voulait pas l’assumer devant les autres et parfois même en essayant de se mentir mais la déesse de l’agriculture était la seule qui l’attirait vraiment à travers l’Olympe. Elle lui procurait des sensations dans son corps qu’il n’avait jamais ressentis. Sa peau frissonnait et son cœur s’accélérait au souvenir du contact de ses lèvres. La tension se fit plus forte à l’idée de réentendre les cris de jouissance de Déméter qui s’approchait d’un pas lent vers Alec haletant à la senteur du doux parfum de Déméter. Avec malice l’olympienne se jouait de lui en accentuant son déhanché voluptueux puisqu’elle marchait en enivrant le jeune héros tout en affichant un déhanché qui sublimé sa nudité. Elle savait pertinemment qu’Alec était totalement incapable de lui résister. C’est ainsi qu’il la prit dans ses bras et lui offrit ce qu’elle attendait de lui.

BOOM, BOOM , BOOM

 

« Mais c’est quoi ce bruit !? » s’écria Alec en se redressant dans son lit, ce qui lui fit comprendre ce qui venait de vivre n’était nul autre qu’un doux rêve Un doux rêve ? Il avait osé rêver d’avoir à nouveau un rapport charnel avec Déméter ce qui n’était pas permis en Olympe. Pourtant comment pouvait-il résister à l’attraction qu’exerçait volontairement la déesse sur lui ? Impossible, d’ailleurs son bas ventre lui faisait savoir.

 

BOOM, BOOM, BOOM

A nouveau le bruit ! Et il provenait de la porte d’entrée de la maison d’Alec. Qui pouvait frapper aussi fort ? Nul n’avait donc jamais appris à cette personne à frapper doucement par respect pour les occupants ?

 

BOOM, BOOM, BOOM

« Ok, c’est bon. Pas besoin d’insister, j’arrive » se mit à crier Alec, qui se demandait ce qu’il pouvait bien se passer pour que l’on aussi fort une porte qui n’avait rien demandée.

A peine avait­-il commencé à tourner la poignée de porte en forme de tournesol, qu’une voix rauque se mit à surgir.

« Ouvre-moi et dépêches toi ! »

Héphaïstos, le dieu des forgerons était responsable de tout ce vacarme et qui avait interrompu le rêve si doux d’Alec. La porte maintenant ouverte ce dernier se trouva nez à nez avec le dieu qui le fixait de ses yeux couleur du charbon ardent qu’il possédait dans sa forge.

Héphaïstos qui mesurait au moins 3 mètres se tenait devant Alec penché comme pour mieux l’observer. Ses mains posées sur ses genoux rendaient encore plus impressionnant la taille de ses biceps eux-mêmes forgé par le maniement de son lourd marteau. Alec senti ses genoux pliés lorsqu’il réalisa que le dieu possédait des bras aussi gros que son propre tronc et qu’il pouvait le broyer en un tour de main. Même si sa jambe de droite était légèrement plus courte que l’autre ce qui conférait à Héphaïstos une démarche qui pourrait prêter à sourire, Alec venait de réaliser qu’il ne valait mieux pas manquer de respect au dieu des forgerons car on pouvait le payer très cher.

« Viens ! » Maugréa Héphaïstos en tirant Alec par le bras pour le traînait en dehors de chez lui.

Bien que seulement revêtu d’un simple caleçon en soie blanche, Alec n’osa pas demander au dieu qui marchait d’un bon pas de ralentir, ni de relâcher l’étreinte de sa main qui lui broyait le poignet.

Le jeune Gardien fixait avec inquiétude la divinité ce qui ne l’empêcha pas de remarquait q ses longs cheveux bruns étaient parfaitement coiffés malgré le lourd labeur de forgeron. Alec se surprit même à pensait que s’il passait la main dans les cheveux du dieu il en sentirait toute la souplesse et la douceur. Cette idée saugrenue failli le faire tomber et Héphaïstos lui jeta un des regards les plus sombres qui le fit frémir.

En effet Alec et Héphaïstos n’était pas très proche mais ils se respectaient mutuellement, enfin c’était que pensais l’adolescent jusqu’à cet instant où le dieu lui tenait le bras fermement, limite à le lui arracher.

Le dieu des forgerons avait été mandaté pour aller chercher Alec chez lui contre son gré et cela s’entendait dans sa manière de grommeler dans sa barbe et son manque de ménagement pour le « colis » qu’il devait ramener.  

Le réfectoire de l’Olympe était situé juste derrière le Temple des Dieux. Héphaïstos y entra et ordonna à Alec de s’asseoir à une table en lui ordonnant de ne pas bouger avec une telle hargne qu’Alec s’exécuta sans sourciller et sans plus oser bouger.

Pendant des années, il avait rêvé de festoyer dans ce lieu en compagnie des dieux. C’était L’endroit où chaque héros, chaque résidant de l’Olympe rêvait de passer ne serait-ce qu’un repas avec les différentes divinités et lui était là, désespérément seulet uniquement vêtu d’un caleçon. Il se sentait particulièrement ridicule surtout qu’une colombe le fixait de ses yeux orange en penchant sa tête d’un air désapprobateur. Alec se sentait ridicule de se sentir juger par le regard de ce volatile.

Alors que le soleil se levait tout doucement, le vent frais et les quelques oiseaux matinaux commençait à chanter juste avant qu’Apollon se prépare à jouer un air de musique avec sa lyre enchanteresse.

Alec sortit de son état d’hébétude en entendant la douce mélodie à ses oreilles venant de quelques passereaux qui volaient autour d’une femme à la peau blanche couleur du lait et aux cheveux blonds couleur des blés.

Les oiseaux semblaient former un ballet autour d’elle et chaque note qu’ils sifflaient étaient en harmonie parfaite à chaque pas que la déesse faisait. Le spectacle était tout à la fois charmant et féerique à voir.

L’Olympienne portait une tunique grecque comme portaient les athéniens durant l’antiquité grecque ce qui lui donnait une allure divine.

Alec reconnu ce visage ravissant qui malgré quelques rides au coin des yeux, gardait l’apparence d’une femme d’une cinquantaine d’années bien qu’elle soit aussi bien âgée que les autres dieux : il s’agissait d’Hestia en charger de faire régner l’harmonie dans le royaume des dieux car elle était celle qui à chaque conflit, parvenait à restaurer l’équilibre en faire en sorte que chacun mette son égo de côté pour que l’harmonie persiste. C’est pour cela qu’elle était considérée comme la maman de tous les dieux, dont elle prenait soin avec beaucoup de tendresse. Cet amour maternel n’était pas réservé qu’aux Olympiens puisqu’elle le dispensait aussi à chaque héros et personne qui arrivait sur l’Olympe.

Ce fût particulièrement le cas avec Byron et Alec qu’elle avait accueilli bébés et garder dans son giron durant l’équivalent de sept années terriennes avant d’être confié à Hermès pour leur éducation.

Hestia tenait dans sa main droite une boite à mouchoirs en or et Alec se demandait à quoi ça pouvait être utile. De son autre main elle portait un sac blanc transparent où l’on pouvait apercevoir des vêtements et Alec sourit, ravi de constatait que celle qu’il considérait comme sa mère adoptive ait pensé à lui prendre des vêtements. Il sentit une vague d’amour pour elle qui se montrait toujours aussi attentive à tout ce qui se passait au sein de l’Olympe.

 

 En arrivant à la hauteur d’Alec, Hestia le fixa de ses pupilles marrons dont émanait tout l’amour maternelle nourricier qu’elle gardait pour lui et son frère Byron. Dans un sourire elle lui dit :   

« Je t’ai ramené des vêtements chauds, connaissant Héphaïstos, je savais qu’il n’allait pas faire dans la dentelle pour te ramener ici. » Tout en lançant un regard accusateur en direction de là où était parti le dieu des forgerons.

Pendant qu’Alec se pressait de se vêtir, les oiseaux avaient apporté un à un, un solide petit déjeuner sur la table où étais assis le Gardien quelques minutes plus tôt. A la vue des viennoiseries autrichiennes que les Olympiens adoraient, le ventre de l’adolescent se fit entendre en trahissant Alec la faim qu’il le tenaillait. Il n’attendit pas une quelconque autorisation pour se précipiter tel un glouton sur la nourriture appétissante.

Hestia regardait Alec engloutir son petit déjeuner en silence mais une fois que ce dernier s’était bien rassasié, elle reprit son air sérieux et prit place à côté de lui en posant soigneusement la boite à mouchoir dorée sur la table.

« Comme tu le sais, chacun des douze Olympiens t’accorde une journée entière afin que tu bénéficies de leur savoir et de leur aide afin de t’aider à sauver la vie de ton frère »

En prononçant le dernier mot, Alec sentit qu’Hestia était aussi touché que lui sur la situation de Byron et cela le rassuras, qu’enfin une divinité sur le Royaume pensent sérieusement à l’urgence de la situation.

« Pour t’aider, ensemble ils ont décidé de mettre chacun leur nom dans une boite à mouchoir et chaque jour tu tireras au sort le nom d’un Olympien afin de passer la journée avec lui ! »

Alec inclina sa tête en signe d’acquiescement tout en pensant « Pourvu que je ne commence pas avec l’autre fou d’Héphaïstos ».

Il prit la boite entre ses mains, ferma les yeux en inspirant profondément, puis il plongea sa main dans la fente sur le couvercle et en extirpa un papier plié, déchiré et en boule, qu’il déplia pour s’écrier : Héphaïstos ! 

Hestia posa sa main sur la joue de son protégé : « Héphaïstos malgré son air bourru est bien plus doux qu’il n’y parait. Tu auras l’occasion de le constater avant la fin du jour. Va le retrouver maintenant. »

 

Alec se leva pour déposer un baiser sur la joue d’Hestia et se dirigea d’un pas lent vers Le temple du dieu des forgerons.

Ce dernier était à la différence des autres maisons Olympiennes, d’une couleur grise qui la rendait triste et insignifiante. La divinité du feu avait joué d’une intelligence remarquable en faisant ce choix puisque   la signification de cette non-couleur avait bien plus de sens qu’elle n’y paraissait.

Le gris symbolisant la sagesse et l’acquisition des compétences, il imposait de lui-même le respect qu’Héphaïstos attendait de tous. De plus cette couleur étant celle du métal, il l’avait utilisé à propos.

Alec s’arrêta quelques secondes devant l’imposante bâtisse pour contemplait son architecture qui ressemblait plus à un immense bloc de pierre sous l’effet des lourds volets qui obturaient toutes les ouvertures, rendant l’ensemble sinistre. Le seul élément qui laissait penser à un lieu de vie était la cheminée dont s’évacuait une énorme quantité de fumée. Seule la forêt utilisée pour la production du bois destiné à la forge, en arrière-plan, mettait de la couleur dans le décor.

Quand Alec ouvrit la porte du Temple d’Héphaïstos, il tomba nez à nez avec un automate, qui s’avérait être enfaite un humain robotisé vêtu d’un tablier rouge et blanc brodé de fleurs et tenant dans sa main droite un plumeau à poussière. Cette apparition sembla totalement incongrue au jeune Gardien en comparaison avec l’austérité du décor. L’air embaumait une forte odeur de viande marinée qui émanait d’une pièce directement sur la droite d’Alec dont la porte était ouverte. Bien que le jeune homme se fût rassasié des victuailles d’Hestia, le délicieux fumet qui se dégageait de la cuisine raviva sa faim et il ne put s’empêcher de penser que le dieu avait finalement des goûts de luxe.

Il n’avait pas vu l’automate s’approcher de lui et sursauta en l’entendant parler :

« Alec ! Mon maître t’attendait ! »

Il sautillait sur place car il semblait fou de joie de la visite du Gardien, ce qu’il lui exprima tout de suite :

« Je suis très heureux de te recevoir dans la maison de mon maitre et tu as déjà pu sentir le festin que je prépare en ton intention. »

 Cela mit Alec mal à l’aise surtout que cet automate provoquait en lui une tonne d’interrogations. Il arriva simplement à lui demander :

« Je te remercie pour ton accueil, mais comment t’appelles-tu ? »

L’humain robotisé ouvrit de grands yeux émus montrant tellement il était heureux de l’intérêt que lui portait Alec.

« Mon maitre m’a fabriqué, il y a plus d’un siècle maintenant et m’a nommé Palémon en référence à un héros grec. » s’exclama-t-il en bombant le torse.

Soudain, le bruit du marteau d’Héphaïstos fit trembler les murs ce qui eut pour effet de faire disparaitre immédiatement la fierté de Palémon qui gratifia toutefois Alec d’un regard de remerciement tout en lui faisant signe de le suivre.

Pendant que Palémon le guidait vers l’atelier du dieu des forgerons qui semblait visiblement être sous la bâtisse, Alec en profita pour inspecter un peu plus les lieux où régnaient ordre et simplicité.

Précédé de Palémon qui lui ouvrir une tenture richement brodée afin de lui faciliter le passage pour pénétrer dans une immense pièce baignée de lumière Alec s’émerveilla de la beauté de la pièce dont l’ameublement laissait à penser qu’il s’agissait de la principale pièce à vivre de la demeure d’Héphaïstos. Celle-ci située à l’opposée de l’entrée, avait le mur de fond entièrement en verre à travers lequel on pouvait voir la forêt et ses animaux ce qui donnait l’impression d’un tableau vivant.

L’automate se dirigea vers la gauche dont le mur semblait fait d’un rocher arraché à la montagne. Il le contourna par la droite qui sembla disparaitre derrière lui, Alec s’approcha légèrement inquiet lorsqu’il vit juste la tête de Palémon goguenarde :

« Mais qu’est-ce que tu attends, viens ! »

Alec constata que derrière le rocher se trouvait en fait un escalier aussi monumental que le propriétaire du temple, qui s’enfonçait dans les entrailles de l’Olympe pour aboutir sur une plateforme ouvrant sur un tunnel. Il fut invité par Palémon à monter dans   un wagonnet en or massif. Le Gardien avait devant lui un tableau de bord comprenant de gros cabochons faits de pierres précieuses qui s’avéraient être des boutons de commandes.

« Pour rejoindre mon maitre qui se trouve dans sa forge tu as juste à appuyer sur le rubis. Le wagonnet sait ce qu’il a à faire. »

Palémon se retourna et reprit la direction de l’escalier en agitant dans l’air son plumeau tout en sifflotant, ce qui manifestait clairement qu’il n’était pas peu fier de lui.

En poussant un gros soupir, Alec appuya sur le joyau couleur de sang. Le wagonnet se mit à trembler, à grincer. Un harnais métallique s’abattit sur les épaules du Gardien qui sursauta et fit grandir en lui une sorte de terreur. L’engin se mit à fumer et s’élança à toute vitesse dans le tunnel, ce qui arracha un hurlement à Alec qui reprit rapidement le contrôle de lui-même, sa fierté l’empêchant de passer pour une poule mouillée surtout face à Héphaïstos.

Dans un ultime effort de courage, Alec ouvrit grand les yeux et poussa un « whouah » d’émerveillement devant le spectacle qu’offrait le tunnel dont la paroi était recouverte d’une fresque représentant les évènements marquant de la vie en Olympe depuis les temps les plus reculés de l’Age d’Or. Malgré la vitesse du véhicule chaque épisode de la mythologie grecque apparaissait comme en 3 dimensions et presque comme animé ce qui rendait presque réel chaque scène qui s’avérait bien loin de la version romancée de certains auteurs humains.

Alec constata que bien qu’étant dans le temple d’Héphaïstos, ce dernier était quasiment absent de cette œuvre excepté le passage où il avait pris en flagrant délit son épouse Aphrodite en plein ébats amoureux avec le dieu de la Guerre, Arès.

Le wagonnet sortit du tunnel brutalement comme expulsé des entrailles de la terre et s’arrêta dans un bruit de tonnerre au ras d’un mur de roche. Sous la peur de s’écraser contre le Gardien en tremblait encore de tous ses membres. Toutefois, la dernière scène de la fresque restait encore devant ses yeux comme imprimée : il s’agissait d’Hermès, le dieu des voyageurs prenant deux bébés dans ses bras pour les emmener sur l’Olympe. Manifestement, ces deux enfants étaient Byron et lui-même ce qui lui provoqua une forte émotion qui lui arracha quelques larmes.

Le harnais qui le maintenait au wagonnet se souleva et l’effort que fourni Alec pour s’en sortir, lui sembla sur divin.

Regardant autour de lui, il ne put manquer de voir l’entrée de l’atelier d’Héphaïstos, similaire à celle d’une grotte flanquée de deux torches dont les flammes semblaient de lave incandescente.

Alec s’engagea dans ce nouveau tunnel qui à l’opposé de celui qu’il venait de parcourir était sombre comme l’Enfer. Seul le point lumineux qui semblait se situer au fond du tunnel et qui grandissait au fur et à mesure qu’il avançait, le guidait alors que la température augmentait à chacun de ses pas.

Alec déboucha enfin dans l’antre du dieu : sa forge.

Tout du moins ce qui semblait l’être, le capharnaüm régnant faisant plutôt penser à un bazar sans nom, plutôt qu’à l’atelier du plus prestigieux des forgerons.

Les outils éparpillés en tas divers au milieu d’automates inachevés, contrastait avec l’ordre et la propreté des appartements d’Héphaïstos à la surface. Un automate en particulier attira le regard d’Alec, celui d’un taureau dont la tête avait été remplacé par celle d’une autruche. La petitesse de la tête sur le corps massif formait un ensemble grotesque qui provoqua un fou rire qu’Alec ne put retenir.

« Mon travail te fais rire ? »

La voix tonitruante du dieu glaça d’effroi sur place le jeune Gardien. Il sentait le souffle du dieu sur son cou et s’attendait à ce que celui-ci l’écrase tel une punaise d’un seul coup de ses poings. Héphaïstos voyait les épaules d’Alec s’affaisser à chacune de ses respirations ce qui l’amusait beaucoup. Ni tenant plus, le dieu explosa d’un rire qui fit trembler les murs de la caverne qui lui servait d’atelier. Penaud se retourna pour faire face à Héphaïstos :

« Tu as bien raison de rire de cette merde, même moi elle me fait honte. Suis-moi ! »

 

Héphaïstos se dirigea vers son établi sur lequel trônait un objet de forme ovale recouvert d’or massif. Simplement vêtu d’une paire de bottes, d’un pantalon en cuir, d’un tablier sous lequel il était torse nu laissant à la vue ses attributs qui reluisant de la sueur qui dégoulinait le long de son corps, il remit son casque de guerrier qui lui faisait aussi office de protection anti-brûlure. Avec une grande concentration et une dextérité chirurgicale l’Olympien se remit à son ouvrage.

Alec fut saisi par la grâce des gestes d’Héphaïstos qui contrastait avec l’aspect quasi bestial du dieu d’autant qu’il était entouré d’objets d’une beauté saisissante. Des ouvrages du dieu, Alec ne connaissait réellement que les armes et armures que celui-ci forgeait. Pour tout le reste dont tout l’Olympe parlait avec forces éloges, ce qui y avait été jusqu’ici un mythe dans l’esprit du Gardien prenait forme et vie sous ses yeux émerveillés.

Il s’attarda particulièrement sur un portrait qui t’occupait tout un mur de l’atelier et représentant une femme blonde aux yeux bleus qu’il reconnut comme étant l’épouse d’Héphaïstos : Aphrodite. Alec ressentit une pointe d’empathie pour son hôte qui sous son aspect brutal cachait une sensibilité à fleur de peau.  

Alec continua de regarder travailler le dieu durant un temps qui lui sembla interminable ce dernier ne semblant faire aucun cas de sa présence. N’y tenant plus, Alec toussa fortement comme s’il était incommodé par les fumées de la forge afin d’attirer l’attention d’Héphaïstos qui sans lever son regard vers lui, dis :  

« C’est donc moi qui ai hérité de toi pour le premier jour, pourquoi ça ne m’étonne guère ? »

Le dieu se redressa pour se tourner vers Alec :

« Même si nos rapports n’ont pas toujours été des plus cordiaux, je suis content que tu sois là car très rare sont celles et ceux qui ont le privilège de pénétrer dans mon antre. Si tu oses le dire à qui que ce soit quand tu sortiras d’ici, je me ferais une joie de t’écraser la tête entre mon marteau et mon enclume. » puis il éclata de rire, ce qui déstabilisa Alec qui ne savait pas si il plaisantait ou si il était sérieux, ce que remarqua Héphaïstos dont le rire redoubla.

« Le programme va être simple, Alec. Ce matin nous allons donc voire ensemble quelle arme te conviendras le mieux pour ta mission.  Puis cet après-midi ensemble nous forgerons ton arme.»

Alec fixait intensément le visage et le regard du dieu qui s’était transfiguré, animé par la joie de partager son savoir avec le Gardien.

« Commençons maintenant ! »

La première arme qu’Alec testa, était un révolver, arme qu’Héphaïstos avait conçu pour un mortel du nom de Alexander John Forsyth par le biais d’un rêve, en vue de remplacer le silex archaïque par un dispositif plus moderne : la platine à percuteur.

Alec prit le pistolet en main guidé par le dieu de la forge concernant sa manipulation et lui désigna la cible à atteindre. Surpris par la détente de l’arme, le projectile au lieu de s’encastrer sur la cible initiale atterrit dans le dos de l’automate taureau à tête d’autruche qui se mit à caqueter telle une poule ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Héphaïstos et Alec, face à l’incongruité de la situation partirent dans une crise de fou rire à leur tirer les larmes des yeux. Reprenant son souffle, Héphaïstos dit :

« Définitivement, le pistolet n’est pas pour toi. J’ai un doute avec l’Arc, vu la précision de ton tir mais on va quand même essayer !»

Alec n’eut même pas l’opportunité de tirer une seule flèche car le dieu lui reprit très rapidement l’arc des mains en constatant la difficulté qu’avait le Gardien à le faire bander.

« Voilà ce qui arrive à trop trainer avec des lopettes comme Hermès. Tu as du sang de navet dans les bras. » Vexé, Alec n’osa pourtant pas répondre.

« On va voir ce que tu vaux avec une lance ! »

Héphaistos sortit d’un tas de ferraille quelque chose qui pouvait s’apparenter à une lance mais qui était totalement couverte de rouille.

« Ne t’y fies pas, jeune prétentieux. Son fil reste toujours aussi aiguisé et cette lance pourrait couper d’un seul trait un sanglier en deux. C’est là toute la magie de mon art. »

Héphaistos tendit l’arme au Gardien et se mit à courir en tous sens, en hurlant :

« Essaye de m’atteindre, maintenant. »

Ce cirque dura près d’une dizaine de minutes, sans qu’Alec parvienne à ne serait-ce qu’érafler le dieu qui s’avérait être d’une souplesse et d’une vélocité égale à celle d’un jeune cerf. Le Gardien fut le premier à bout de souffle.

Lui reprenant la lance, Héphaistos gratifia Alec d’une grande tape dans le dos qui résonna dans tout son squelette, Alec pensa que le dieu venait de le réduire en poussière mais il n’en n’était rien puisqu’il sentit en lui un regain d’énergie. Héphaïstos tendit un poignard à Alec en lui désignant du menton la cible toujours intacte.

Le premier lancer atterrit dans l’arrière train de l’automate taureau-autruche qui se remit à regimber, Héphaïstos jeta un œil noir au Gardien en lui tendant un nouveau poignard ce qui dissuada Alec de rire, la nouvelle tentative ne fut pas plus fructueuse et ce n’est qu’au cinquième lancer qu’il arriva à planter un poignard sur le bord de la cible. Trop content, Alec bondit les bras vers le ciel en hurlant un ouais magistral. Héphaïstos le calma tout de suite :

« Heu.. Je te rappelle que tu en as raté quatre avants et qu’avec ce coup-là, tu es loin d’avoir immobilisé un ennemi potentiel. »

Assommé par les paroles du dieu, Alec commença à douter d’avoir les ressources nécessaires pour sauver son frère alors qu’il était incapable de faire quelque chose de bien avec juste un poignard, qui somme toute n’était pas plus qu’un couteau à beurre.

Héphaistos vu dans les yeux de son élève le désespoir qui l’envahissait et le rassura avec un sourire amical et chaleureux comme il arrivait parfois à le faire.

« Alec, ne désespère pas. Il existe une règle qui est le combattant ne choisis pas son arme mais que c’est l’arme qui choisit son combattant. Héraclès était pire que toi lors des tests et je ne te parle pas d’Achille qui m’as tiré une balle dans le genou gauche, ce qui n’a rien arrangé à ma démarche déjà bancale ». Ce dernier lui montra l’impact encore présent malgré les siècles passés.

Ces paroles réconfortèrent presque immédiatement notre héros, car si des grands combattants de la mythologie grecque qui avait accompli de grandes choses avaient presque échoué lors des tests, alors il pourrait sauver son frère !

Héphaïstos lui tendit une épée, avec un sourire malicieux. Alec en saisit le pommeau avec appréhension se demandant quel tour lui était en train de lui jouer le dieu. À peine l’arme en main, le Gardien sentit comme une décharge électrique lui remonter le bras et parcourir tout son corps. Son sang bouillait en lui comme s’il se sentait prêt à affronter n’importe qui avec cette arme à la main.

« Celle-ci est la tienne » chuchota une voix familière et paternelle à l’intérieur de lui.

« On l’a trouvé ! Tout guerrier à une arme digne de ce nom ! Cet après-midi on fabriquera ensemble TON épée ! » S’exclama avec joie le dieu de la forge.

C’était la première fois qu’Alec voyait Héphaïstos aussi réjoui et excité. Une lueur presque enfantine brillait dans ses yeux. C’est alors que le Gardien comprit que le dieu n’était pas qu’un simple forgeron, mais un maitre d’art et d’armes qui imposait le respect.

Alec n’avait pas vu le temps passé et ce n’est qu’en voyant Palémon entré dans l’atelier muni d’un panier d’où exhalait une odeur délicieuse, qu’Alec réalisa qu’il devait être le milieu de la journée, le fumé délicat ayant provoqué une crampe à son estomac, signe de faim. Héphaïstos s’adressa à Alec :

« Mange, le temps que je prépare ce qui va être nécessaire à fabriquer ton épée. »

Il n’eut pas besoin de le répéter à Alec, qui s’était déjà jeté sur l’assiette que Palémon lui avais tendue.

Le ragoût de bœuf était un véritable délice et le Gardien se fit resservir trois fois par l’automate.

Héphaïstos revint en bougonnant :

« Ça suffit ! Assez mangé, tu ne vas plus être bon à rien après ! »

A peine ses paroles prononcées, Palémon avait disparu tout aussi mystérieusement qu’il était arrivé.

Héphaïstos et Alec se mirent à l’ouvrage, et le dieu en plus de sa remarquable dextérité s’avéra être d’une grande patience mais aussi un excellent pédagogue.

Malgré la chaleur, l’effort physique fourni le jeune Gardien était rempli d’une énergie qu’il n’avait jamais ressenti auparavant. Ressentant de l’admiration pour le dieu, il tenait à donner le meilleur de lui-même et mettait tout son cœur dans chacun de ses gestes.

Après un temps qui lui sembla hors du temps, Héphaïstos tenait posée sur ses 2 mains l’épée d’Alec.

« Elle est terminée, tu peux l’essayer. »

A peine en main, Alec eut la sensation que l’arme n’était ni plus ni moins que le prolongement de son bras et qu’elle faisait parti de son corps en entier. Sa légèreté le surprit, il se mit à la faire tournoyer et il constata que ce n’est pas lui qui dirigeait l’épée mais que c’était l’épée qui le dirigeait.

« Parfait ! », s’exclama le dieu « Maintenant redonne-là moi, j’ai encore du travail dessus. Tu ne la récupéras qu’au jour de ton départ. »

Alec dépité à cette nouvelle s’exécuta de mauvaise grâce, alors que Palémon était de nouveau présent, comme par magie, qui lui lançait un joyeux « suis-mois ! ».

Héphaistos était retourné à sa forge, le regard de nouveau absorbé par la danse des flammes attisées par le soufflet qu’il actionnait de son bras puissant. Palémon reconduit Alec jusqu’au wagonnet par lequel il était arrivé et avant de monter et il se tourna vers l’automate :

-Palémon, est-ce que je peux te poser une question ?

-Bien sûr, Alec.

- Comment fais-tu pour apparaître et disparaitre de l’atelier d’Héphaïstos comme par magie ?

Palémon se mit à rire, ce qui surprit Alec qui pensait qu’un automate ne pouvait ressentir et exprimer des émotions.

- C’est un secret, que je ne serai te dévoiler mais qui montre bien la maitrise de certains arcanes par mon maitre. D’ailleurs, je serais déjà arrivé en haut avant que le wagonnet arrive.

Sur ces paroles, Palémon reprit le chemin de l’atelier, laissant Alec songeur. Il décida de s’installer dans le wagonnet qui reprit sa course folle dans le tunnel. Cette fois-ci, le Gardien était bien décidé à garder les yeux grands ouverts pour en capter tous les détails de la fresque. Il fut estomaqué de ne pas revoir les images de son voyage aller mais une illusion optique formant un kaléidoscope hypnotique.

C’est un peu groggy qu’il arriva au temple du dieu où en effet l’attendait déjà Palémon qui ricana à la vue d’un Alec légèrement titubant et c’est ensemble qu’ils empruntèrent l’escalier pour remonter à la surface et retourner jusqu’à la porte d’entrée du sanctuaire d’Héphaïstos.

« Attends-moi là ! » ordonna Palémon à Alec, qui se dirigea vers la cuisine pour en ressortir un lourd panier odorant.

« Je sais que tu es fatigué et que tu auras besoin d’un bon dîner pour te restaurer. » Alec touché par cette attention de l’automate le prit dans ses bras pour le remercier chaleureusement.

 « Oh, merci ! Maitre Alec ! » dit Palémon d’une voix tremblante d’émotions. « Il y a tellement longtemps, que je n’ai pas eu de contact physique avec un autre être. »

C’est troublé que le Gardien quittât les lieux afin de reprendre le chemin du retour jusque chez lui. La nuit été tombée sur l’Olympe et les nuages dansaient autour de la lune qui régnait en reine dans le ciel du Royaume des Dieux.

Bien que la journée fût intense pour le jeune Gardien, il se sentait rempli de fierté et animé d’une certitude : il allait sauver son frère !

Tout le long du chemin, il ne pût s’empêcher de réfléchir à l’ambivalence de ses sentiments envers Héphaïstos. Il avait commencé la journée presque le détestant et maintenant il éprouvait pour lui une profonde sympathie teintée d’admiration et de respect. La première leçon qu’il reçut de cette expérience n’était pas d’avoir appris à fabriquer une épée mais de ne pas juger autrui à son apparence ou à ce que celui-ci voulait bien montrer aux autres.

Et pour cela, Alec en éprouvait une profonde gratitude pour le plus mal aimé des Dieux.

Enfin arrivé chez lui, la première chose que fit Alec fût de se dévêtir pour prendre une douche brûlante comme il les aimait. Echaudé de son aventure du matin, il ne se contenta pas d’un simple caleçon pour passer le reste de la soirée et de la nuit.

Le Gardien s’installa à table et bien qu’affamé, il prit le temps de savouré le repas préparé spécialement pour lui par Palémon qui s’avérait être un fin maître-queue.

Repu, il remit de l’ordre et se félicita de constater que le panier lui permettrait de tenir quelques jours sans cuisiner. Puis, il se dirigea vers la chambre et s’affala sur son lit. Avant que le sommeil ne le gagne, il adressa une pensée à son frère :

« Tiens bon, Byron. »

Et il s’endormit brutalement comme s’il avait été assommé par le marteau d’Héphaïstos.

 


regis NOUGUEREDE

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